8 mars 2017
Quelles actions de prévention contre l’érosion dunaire
et les risques de submersion marine constatés sur le littoral nord-est de l’île
d’Oléron, du port du Douhet à la pointe des Saumonards ?
Plage de Foulerot, 2 mars 2017-03-07. Vulnérabilité du
cordon dunaire.
Ce secteur « dit de la
Gautrelle » est décrit dans le PAPI (Programme d’actions de prévention des
inondations) de l’île d’Oléron (Comité de pilotage, 29 février 2012) :
-
des enjeux
humains forts : camping géré par l’ONF situé derrière la digue de la
Gautrelle, plusieurs zones urbanisées denses à l’arrière du cordon dunaire (Sauzelle,
La Gibertière, Foulerot, Plaisance)
-
un risque
d’inondation non négligeable.
Dans le passé, le document
des « propositions d’orientations stratégiques » du PPRN (Plan de
prévention des risques naturels présenté en mai 2016), montre un important
recul du trait de côte entre 1950 et
2006 au droit de la plage des Saumonards et recense de nombreux
évènements de submersion marine sur ce secteur et celui de Boyardville depuis
1838 (9 sur 28 évènements recensés pour 7 communes oléronaises).
La submersion de 1978 dans le
secteur de Foulerot-Plaisance y est décrite comme ayant affecté la route. En
réalité, la mer a pénétré à l’intérieur de la forêt et recouvert plus de 3
hectares de terres sur des hauteurs comprises entre 30cm et 1m. La zone
urbanisée à l’époque (bien moindre que maintenant) a été affectée par cette
inondation.
Plus récemment, même si ce
littoral n’a pas été submergé lors de la tempête Xynthia en 2010, le cordon
dunaire qui borde les plages de Plaisance, de Foulerot, de La Gautrelle et des
Saumonards montre de nombreux signes de recul, de détérioration et de
submersion localisée de la dune à la suite des tempêtes d’hiver de ces
dernières années.
Plage de Foulerot 2 mars 2017. Démantèlement en cours
des enrochements de protection. Submersion localisée de la dune.
On peut observer sur cette
photo le démantèlement de la digue de rochers et la brèche en cours de
creusement dans le cordon dunaire. C’est un exemple parmi bien d’autres.
Dans le cas de la plage des
Saumonards, le risque naturel est fortement accentué par le passage répété des
engins des mytiliculteurs exploitant les pieux et cordes à naissain sur
l’estran. Ceci concerne 170 concessions depuis la digue de la Gautrelle jusqu’à
la Pointe des Saumonards. Ceci, à proximité immédiate de la digue et de la zone
forestière où est implanté le camping.
Nous avons déjà alerté les
autorités sur ce point particulier en 2013-2014 (voir diaporama complet sur le
Blog de l’APLIMAP).
Submersion de la forêt des Saumonards le 7 janvier
2014 par la brèche creusée depuis plusieurs années dans le cordon dunaire pour le passage des
gros engins des exploitants mytilicoles (chemin forestier n°3)
Brèche dans le cordon dunaire des Saumonards après la tempête (3 février
2014). Cette photo explicite le lien entre cette brèche et l’exploitation mytilicole
(chemin forestier n°3)
Brèche dans le cordon dunaire des Saumonards (28 février 2017). A la place
de la forêt, une mer de sable. Chaque année les mêmes engins des mytiliculteurs
passent pendant plusieurs mois par cette brèche non consolidée (chemin
forestier n°3).
Le secteur côtier du Douhet aux Saumonards a été classé
« de dernière priorité » dans le PAPI de 2012.
Si cela pouvait paraître justifié au regard de la
vulnérabilité plus forte d’autres secteurs côtiers oléronais lors de la tempête
Xynthia en 2010, ce classement est aujourd’hui inapproprié et nous déplorons l’absence
de mesures efficaces permettant de renforcer le cordon dunaire avant qu’il ne
soit trop tard et qu’il ne faille investir des sommes encore plus
importantes dans un futur proche.
Les ouvrages réalisés après la submersion de 1978 sont
désormais inopérants. Les épis perpendiculaires au rivage sont enfouis dans le
sable sur une grande partie de leur hauteur. Ils sont visiblement attaqués par
la mer sur la partie la plus haute de l’estran.
Le renforcement longitudinal du cordon dunaire par des
rochers est en voie de démantèlement comme le montrent les multiples éboulis et
la pénétration récurrente de la mer à l’arrière de la dune.
Les ganivelles posées durant l’hiver 2015-2016 semblent
avoir plutôt bien fonctionné dans certains endroits comme pièges à sable mais elles
ne constituent pas une protection contre les phénomènes actuels et récurrents
d’érosion de la dune et de submersion.
La digue de la Gautrelle est certes restaurée après
chaque grande tempête mais avec des rochers qui ne semblent pas calibrés à la
mesure des assauts de la mer.
L’ensemble
du cordon dunaire est de plus en plus vulnérable face aux aléas de submersion. Les cartes de l’aléa submersion marine dans le PPRN
sont sans appel à ce sujet pour scénario Xynthia+20, a fortiori pour le
scénario Xynthia+60.
Rappelons
que ce cordon dunaire est la seule protection de la forêt et des villages
situés à l’arrière. N’est-il pas temps de procéder à de nouveaux travaux ?
Ou bien, faut-il attendre que les repères mis en place nous indiquent que le
cordon dunaire a disparu ?
Il existe en
outre une autre menace potentielle sur ce secteur urbanisé localisé entre dunes
et marais. Les riverains du marais
constatent le non-entretien des fossés de drainage du marais du Douhet
et un fonctionnement erratique du système d’écluses permettant d’agir sur le
niveau de l’eau dans ces fossés. Les
cartes de l’aléa submersion marine montrent la nécessité d’agir sur les deux
fronts.
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